
À chaque jour suffit… sa joie
Serge Guillet est décédé le 6 juin à La Rochelle, où il résidait volontiers depuis quelques années. Le service d’adieu et de reconnaissance a eu lieu à Neydens le 16 juin.
Quelle éducation religieuse Serge a-t-il reçue ? Il ne nous a rien livré à ce sujet, mais c’est comme si son aventure de vie l’avait préparé à rencontrer l’Évangile tel qu’en témoigne le calvinisme. Ainsi à Carentan, dans la baie du Cotentin où il est né, le bourg connut à 2 reprises au XVIe siècle un gouvernement des Protestants. Enfant, il est élevé en pensionnat et chez sa grand-mère à St-Gelais, village d’où Agrippa d’Aubigné partit à la reconquête de Niort pour libérer les Protestants.
Bachelier, Serge entre en préparatoire de médecine qu’il interrompt pour partir sous les drapeaux effectuer son Service national de plus de deux ans, prolongé par un engagement volontaire en Indochine et en Algérie. Pendant cette période très chahutée, extérieurement comme intérieurement, un aumônier protestant lui fait découvrir l’Évangile ; découverte qui amène Serge à donner une autre orientation à sa vie et à s’installer à Marseille, où il travaille dans le bureau d’une entreprise mondiale de contrôle puis dans une radio chrétienne, où il fera la connaissance de Gabrielle, qu’il épousera en 1962.
Serge était très discret à propos de sa vie intérieure, mais ses engagements et sa manière de les vivre parlaient pour lui. Avec Gabrielle, partout où ils vécurent – Genève, Kinshasa, Abidjan, Londres, Paris et finalement Genève où Serge prit une retraite anticipée –, ils se sont engagés dans la paroisse protestante, à la Ligue pour la Lecture de la Bible, à l’Escale accueillant des sans-abri, à la communauté d’Emmaüs, etc. À la retraite, ils ont «nomadé» de l’une à l’autre paroisse en situation de vacance pastorale dans la région Rhône-Alpes-Auvergne.
Atteint par un handicap visuel et par les difficultés liées à l’âge, Serge est cependant resté présent au monde. Il a gardé le contact avec chacun des membres de sa famille ; il a conservé son intérêt tant pour ce qui avait fait ses engagements que pour la vie de tous les jours. Il n’a cessé d’exprimer sa reconnaissance à Dieu pour la vie qu'il lui a été donné de vivre tant avec Gabrielle qu’avec Huguette depuis 2005. «À chaque jour suffit sa joie», comme il se plaisait à dire. Et «Merci» fut le seul mot qui resta sur ses lèvres jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un soupir.
Nancy Felix