« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens. Au contraire ils mettaient tout en commun. Une grande puissance marquait le témoignage rendu par les apôtres à la résurrection du Seigneur Jésus et une grande grâce était à l’œuvre chez eux tous. Nul parmi eux n’était indigent. »
Ainsi raconte Luc, compagnon de Paul au chapitre 4 des Actes des Apôtres. Un texte qui n’est pas à prendre seulement comme un texte historique, mais comme une réflexion pour la bonne gouvernance de l’Église, de la vie tout court des croyants.Ce passage a été pris au sérieux par nombre de chrétiens, il a inspiré les rebelles de la république de Munster, condamnés par Luther. Il a ouvert la voie à un sorte d’interprétation communiste de l’Évangile. « Tout en commun ! ». N’entrons pas dans un débat théologique sur la propriété privée et l’enseignement du Christ. Même si nous n’allons pas tout mettre en commun comme ces apôtres de la première église, ou comme François d’Assise, ou Serge de Radonèje, grands athlètes du christianisme de la pauvreté, nous ressentons bien tous, au fond de nous-mêmes, que si ce christianisme communiste n’est pas la solution – aujourd’hui- , l’idée que nos biens n’appartiennent pas qu’à nous est juste, inspirée par le Christ.
Qu’il y ait des indigents chez nous, à nos portes, sur nos trottoirs, aux bouches du métro parisien, qui le niera ! Que leur nombre ait considérablement augmenté depuis nos «trente Glorieuses», c’est-à-dire les années 1950-1980 où l’économie allait croissant, cela est indéniable. Reste à savoir comment y remédier, et à quoi nous sommes prêts.
Nous pouvons nous reposer sur la Sécu, le réseau des aides sociale, de l’État, de la Région, de la commune, les innombrables actions d’aide sociale qui tissent fort heureusement notre société depuis les grandes réformes de l’après-guerre. Et nous dire : « À l’État d’agir ! » Oui, certes, mais l’État n’a pas forcément le cœur qu’il faut, ni la rapidité qu’il faut. D’où l’idée, ici et là dans nos paroisses protestantes ou catholiques, de petite actions « coups de pouce » destinées à aider ceux qui passent par un mauvais moment : impayé, maladie d’un enfant où tout n’est pas pris en charge, voiture qui lâche et sans laquelle le boulot est impossible, etc. Forme modeste, une parmi bien d’autres - donner son temps, rendre visite, écouter celui qui n’a à qui parler, etc ; c’est le diaconat au sens original du terme. Soyons tous diacres de la paroisse, au service de notre foi.
Et pour cela cotisons à la trésorerie du Groupe d’Entraide du Genevois et Giffre, puisque tel est le nom de notre action diaconale dans ce domaine. Faisons un don même si n’allons pas vendre tous nos biens et remettre le produit la vente aux pieds des apôtres, comme dans Actes 4 . Et puis, par ailleurs, ouvrons l’œil et le cœur : regardons qui a besoin de ce « coup de main » (très souvent il ou elle n’en parle pas), et signalons à la petite équipe du Groupe les cas où nous pourrions donner ce « coups de pouce financier », ce coup de main d’entraide. Le tout dans l’anonymat. Le tout dans la rapidité.
Le Secours catholique nous signale des cas, et, bien entendu, nous y répondons. Mais nous, côté paroisse protestante d’Annemasse, ayons à cœur d’être de vrais veilleurs, attentifs, actifs, sans discours. Cotisons ou signalons ! Signalons ou cotisons ! Cotisons et signalons ! C’est une petite partie de ce que les Actes appellent « le service des Tables », qui vient juste derrière le service de la Parole.
Pour le Groupe d’Entraide de notre paroisse
Georges Nivat